Saint-Quentin a été desservi
par deux réseaux de tramways à deux époques distinctes
: le premier ayant été suspendu à la fin de la première
guerre, un nouveau réseau a été mis en service après
quelques années d'interruption.
La décision d'établir un réseau de tramways est
prise en 1895. Des complications administratives ont fait tarder la construction
qui ne débute qu'en 1898. Du fait de la présence d'un actionnaire
important de la compagnie exploitante, c'est la traction à air
comprimé qui est retenue. Ce choix s'est fait alors que la plupart
des réseaux français procédaient à l'électrification
de leurs tramways. Ainsi, avec un certain retard, Saint-Quentin a été
probablement la dernière ville à choisir la traction mécanique
pour une desserte urbaine, choix qui s'est avéré rapidement
dépassé.
La mise en service de la première ligne, entre
la Gare du Nord et la place de l'Hôtel de Ville, a lieu le 6 mars
1899 avec trois motrices à air comprimé de type Mékarski,
construites à Nantes. Les voitures étaient peintes en jaune.
Le 14 octobre suivant, la deuxième ligne entre Hôtel de Ville
et le cimetière Saint-Jean, entre en exploitation. En août
1900, les lignes Hôtel de Ville – Rocourt et Hôtel de
Ville – Remicourt sont ouverte au public. Un tronçon isolé
partant de l'arrière de la Gare du Nord et se dirigeant vers le
Faubourg de l'Isle, complète le réseau qui atteint alors
5,7 km de longueur. Six plaques tournantes installées aux terminus,
permettent le retournement des motrices.
Rapidement, le système de traction à air comprimé
montre ses limites : puissance réduite empêchant parfois
les redémarrages en rampe, baisse de pression d'air en fin de trajet,
etc… Cette situation est d'autant plus marquée que les réseaux
des villes voisines sont en cours d'électrification. En 1906, enfin,
il est décidé de procéder à l'électrification
du réseau qui est prise en charge par la Compagnie des Tramways
de Cambrai et de Saint-Quentin.
Des travaux de modifications et de reconstruction des voies sont entrepris
en maintenant la desserte à l'identique avec quelques prolongements
aux extrémités du réseau. Par ailleurs, une nouvelle
branche est construite de la place de l'Hôtel de Ville vers la caserne
de la rue de Cambrai.
18 motrices et 6 remorques sont commandées à l'atelier
des Chartreux du réseau de Marseille. Ces voitures livrées
en 1908, sont similaires à celles circulant sur le réseau
phocéen, avec deux moteurs de 25 CV. La prise de courant par perche
s'effectue sous 550 v. La première voiture électrique est
mise en service public le 25 avril 1908 sur la ligne Hôtel de Ville
– Gare. Le lendemain, tout le réseau est électrifié
et la dernière motrice à air comprimé retirée
du service.
A partir d'octobre 1914, la ville est occupée par les troupes
allemandes qui réquisitionnent le réseau pour leurs besoins
et le transport des blessés. La situation devint dramatique au
printemps de 1917 : Saint-Quentin proche du front, est fortement bombardé
et le service des tramways est suspendu vers le 14 mars. Lors de la retraite
allemande, les motrices, les installations fixes et les dépôts,
sont en grande partie démolis empêchant toute reprise du
service.
Ce n'est que le 10 janvier 1925 que la reconstruction des lignes de tramways
débute en reprenant les mêmes itinéraires. 17 motrices
modernes à plate-forme centrale et deux remorques, sont livrées
en avril 1925. Les motrices sont inspirées des motrices de type
G qui circulent alors à Paris. La mise en service a lieu le 2 mai
1925. A nouveau, Saint-Quentin est une des dernières villes de
France, sinon la dernière, à mettre en service un nouveau
réseau urbain de tramways.
Mais l'évolution du trafic n'est pas des meilleurs et présente
une baisse continue à partir de 1930. Une première suppression
de ligne à faible trafic, a lieu en 1936. Puis le réseau
se stabilise durant toute la guerre, sans connaître de bouleversements
majeurs. En 1945, le manque d'entretien se fait sentir sur les voies et
le matériel roulant. Il n'est pas envisagé de moderniser
le réseau, d'autant que le nombre important de voies uniques dans
le centre aurait nécessité une reconstruction quasi complète.
Les trois dernières lignes sont supprimées le 26 mai 1956,
des autobus assurant dès lors la desserte.
Voir aussi :
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