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Les transports et la carte postale > Cannes

 

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Cannes

 

 
         
   

Service par tramways
du 25 février 1899 au 11 mai 1933
Remplacement par des autobus

   
 



Située à 30 km de Nice, la ville de Cannes s’étend au bord de la Méditerranée, le long d’une baie qui bute sur le massif de l’Estérel. Sa topographie rappelle en plus petit, celle de Nice. Un grand axe est-ouest formé par les rues Félix Faure et d’Antibes, parallèle à la mer, traverse la totalité de la ville et se prolonge par la route d’Antibes. Vers le nord, le boulevard Carnot, perpendiculaire à l’axe précédent, grimpe vers le Cannet.

Le peuplement rapide de la cité entraîne l’apparition de plusieurs projets visant à la desserte de la ville. Un premier réseau de deux lignes d’omnibus à chevaux dessert Cannes à partir de 1874 ou 1875. Ces omnibus circulent jusqu’à l’apparition des tramways, en 1899.

Durant un quart de siècle, plusieurs projets de tramways hippomobiles ou à vapeur sont élaborés sans succès. Mais le développement urbain le long de la côte, vers Antibes, au nord, vers Le Cannet et Vallauris, rend de plus en plus nécessaire l’établissement d’une desserte. Le 8 février 1898, après divers atermoiements administratifs, la Compagnie des Tramways de Cannes (CTC), filiale de l’Omnium Lyonnais, est formé et le 3 janvier 1899 et 20 février 1900, deux décrets déclarent d’utilité publique l’établissement des lignes de tramways de La Bocca à Golfe-Juan, de Cannes au Cannet et d’Antibes à Vallauris, via la gare de Golfe-Juan. La traction sera électrique.

La ligne principale parallèle au bord de mer, part de La Bocca, traverse Cannes par les rues Félix Faure, les rue et route d’Antibes puis longe la mer vers Golfe-Juan et Antibes. La ligne du Cannet part de la place Félix Faure, gagne la gare PLM par la rue de la Gare et remonte le boulevard Carnot. La ligne de Vallauris, établie sur une nouvelle route, part de l’église de Vallauris, rejoint la route de Golfe-Juan et se termine à la Gare de Golfe-Juan. Le réseau s’étend sur 20,24 km.

Dès 1898, les travaux sont engagés, avant même la promulgation du décret d’utilité publique. Les lignes de La Bocca à Golfe-Juan et de Cannes au Cannet sont mises en service le 25 février 1899. Le service est assuré par 16 motrices numérotées 1 à 16, fabriquées par la Buire de Lyon. Elles reposent sur un truck primitif muni de deux moteurs GE58 de 35 CV, puissance trop faible pour les déclivités rencontrées sur la majeure partie du réseau. Le confort des véhicules, trop hauts sur un truck trop sommaire, reste limité. L’accès malcommode, s’effectue à l’aide d’un emmarchement en angle. Chaque motrice offre deux classes.

Le 21 février 1900, la ligne d’Antibes à Vallauris est ouverte à l’exploitation. La desserte principale est alors assurée de bout en bout de La Bocca à Antibes, la section de Vallauris à Golfe-Juan se rabattant sur la ligne de Cannes. 6 motrices Buire, livrées à la fin de 1899, complètent le parc (numérotées 17 à 22). Elles sont un peu moins hautes que les premières et les accès sont sur le coté des plates-formes.

Les lignes, établies à voie unique, sont exploitées avec croisement imposé aux évitements. Par mesure de sécurité, une signalisation est installée dès 1900 entre les différents évitements.

Malgré des incidents répétés liés aux déclivités du réseau, le trafic augmente régulièrement. En 1902-03, une série de 8 remorques ouvertes est livrée afin de renforcer la capacité. Trois remorques supplémentaires sont réceptionnées en 1905-1908.

En 1907, le réseau connaît une dernière extension longue de 4 km, de La Bocca à Mandelieu, ouverte à l’exploitation le 4 décembre 1907. Deux nouvelles motrices, n° 23 et 24, sont acquises en renfort. Mieux conçues que les précédentes, elles sont montées sur un truck Brill et comportent des plates-formes vestibulées. Quatre remorques complètent le parc, la même année.

Dès lors, à part quelques rectifications de tracé, le réseau ne connaîtra plus d’évolution. En février 1909, il est relié au réseau de Nice (TNL), qui met en service sa ligne de Cagnes à Antibes, en correspondance avec la ligne cannoise d’Antibes à Cannes. Il sera alors possible d’aller en tramway de Mandelieu à Menton …

Le parc étant insuffisant pour faire face aux pointes de trafic hivernal, les Tramways de Cannes louent chaque année du matériel à d’autres réseaux du groupe de l’Omnium Lyonnais (Fontainebleau, Troyes, Poitiers, Pau, Avignon, …). Le réseau reçoit même à titre temporaire, une motrice de Fontainebleau, numérotée 25 et qui circule plusieurs mois à Cannes, dès 1909.

Mais le matériel d’origine présente rapidement un aspect désuet. En 1913, la CTC met en service cinq nouvelles motrices (n° 26 à 30), construites par la CIMT. Plus moderne, ces voitures permettent d’étoffer le service. Malheureusement, leur motorisation reste faible. Deux voitures identiques seront livrées en 1919 (n° 25 et 31). Toutes ces voitures sont identiques à celles livrées à la même époque au réseau de Fontainebleau.

Durant la guerre de 14-18, si le service est maintenu à peu près normalement, l’entretien est réduit. En 1918, l’état des voies et du fil aérien nécessite des travaux de rénovation lourds et coûteux. La ligne de Mandelieu sera même entièrement reconstruite en accotement.

Aux difficultés financières que connaît la CTC, s’ajoute le 23 mars 1924, un désastre : le dépôt de Cannes est détruit lors d’un incendie. 18 motrices (sur 31) sont considérées comme irrécupérables. Afin de rétablir le service, 10 motrices niçoises sont prêtées à Cannes. A l’hiver de 1925, les Tramways de Nice récupèrent leurs motrices pour la hausse du trafic d’hiver. Les Tramways de Cannes rachètent alors d’occasion : 2 motrices à Boulogne-sur-Mer, 4 motrices à Melun et 8 motrices au réseau de l’Ouest-Varois (La Seyne-sur-Mer).

Mais cette situation ne représente qu’un palliatif. Le parc disparate donne une image désuète ; la vitesse commerciale est faible et le réseau devient la proie des premières compagnies d’autocars qui ont facilement le dessus. Cette concurrence désastreuse accélère la dégradation des finances. Accablée de dettes, la CTC ne peut faire face. Le 30 mars 1927, elle passe une convention avec la ville l’autorisant à établir ses propres services d’autobus avec 6 Saurer et 6 Berliet. Ces autobus permettent de renforcer le service des tramways.

Mais la concurrence reste violente sur la ligne côtière. La CTC, dont les comptes se dégradent, ne peut qu’établir un plan de remplacement total des tramways par des autobus. La transformation débute le 1er décembre 1930 avec la suppression des tramways entre Cannes (La Source) et Antibes d’une part, La Bocca et Mandelieu d’autre part. Les lignes urbaines disparaissent à leur tour en mars et avril 1933. Enfin, la ligne de Golfe-Juan à Vallauris est supprimée le 11 mai 1933. Le service est depuis lors entièrement assuré par des autobus.

On peut regretter le manque d’intérêt des pouvoirs publics pour le développement et la modernisation de la ligne côtière de Cannes à Antibes. Unifiée à la ligne d’Antibes à Menton des Tramways de Nice, elle aurait pu constituer une artère maîtresse pour la desserte du littoral au même titre que la ligne de la côte belge entre Coudekerque et La Panne.

Le service par autobus sera complété de 1978 à 1995 par la desserte Cannes Ranguin utilisant une partie de la voie ferrée désaffectée vers Grasse. Un autorail EAD X94630 sera utilisé sur cette relation qui sera supprimée en 1995 faute de rentabilité suffisante face à la concurrence de multiples lignes de bus. La ligne de Grasse sera rouverte en 2005 après électrification, permettant la circulation de trains directs entre Grasse et Nice/Vintimille..

Depuis 2014 un site propre pour exploitation par BHNS a été mis en place à La Bocca et sur le boulevard Carnot améliorant la circulation des autobus. Un service de soirée a aussi été mis en place

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Sources :
"Les Tramways de Nice et de la Côte d’Azur" - Jean ROBERT

 

 
 

MAJ 31 AOUT 2015