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Les tramways européens en 1950-1960 |
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Avant-propos |
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Alors qu’entre 1950 et 1966 la
France supprimait à un rythme accéléré ses
tramways, la situation des réseaux ferrés urbains variait
considérablement d'un pays à l'autre. Dès avant 1939,
dans certains, le tramway avait fait l’objet d'améliorations
et la situation n’était pas aussi mauvaise qu’en France.
En revanche, les réseaux d'autres contrées restaient dans
un immobilisme proche de celui connu en France. Par ailleurs, aucune capitale
n’avait suivi le désastreux exemple de Paris, si ce n’est
Londres dont le processus de suppression était en cours depuis
1931. Cette situation sera lourde de conséquences en Grande-Bretagne.
Voici ce que l’on rencontrait en Europe occidentale et centrale
après 1945.
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1 – Allemagne |
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Exsangue, le pays engageait dès
1946, la reconstruction de ses villes. Dans les deux zones d'occupation,
qui formeront en 1949 la RFA (BRD) et la RDA (DDR), les urbanistes prenaient
en compte le tramway comme l'outil principal des déplacements urbains.
Dès 1947, de nouveaux matériels encore à deux essieux
étaient mis en service. C'est en 1951 qu'un matériel ultra
moderne sortait des usines DUWAG : des centaines de motrices et de remorques
à bogies ont alors permis un renouvellement à grande échelle
du parc ouest-allemand. L’Allemagne démocratique restait
en retrait et développait du matériel à deux essieux,
soit neuf soit de reconstruction à partir de voitures plus anciennes.
En RFA, le développement de la circulation automobile obligeait
dès les années 1955, à des mesures d'envergure pour
isoler les tramways des grands réseaux de la circulation générale.
Au début des années soixante, il était admis que
ceux-ci seraient reportés en souterrain dans les centres urbains.
De gigantesques travaux étaient entrepris dans ce but. En revanche,
la plupart des petits réseaux n'ont pas résisté à
la baisse du fréquentation et étaient supprimés entre
1950 et 1975.
A Berlin, coupée en quatre zones d'occupation, le tramway sera
une victime de la situation politique. La coupure de la ville qui avait
été renforcée après les émeutes de
1953, scindait de fait le réseau en deux : à l'ouest, la
conception du développement du métro lourd l'emportait et
les autorités municipales engageaient un programme de suppression.
L'érection du Mur en novembre 1961 accélérait le
processus et la dernière ligne de l'ouest disparaissait en 1967.
En revanche, à l'est, le tramway continuait à se développer
pour desservir les nouveaux quartiers résidentiels. Ce sera le
seul réseau de tramway du monde dont une moitié seulement
disparut !
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2 - Autriche |
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Vienne coupée en quatre zones
d'occupation, procédait dans un premier temps à la reconstruction
du réseau, endommagé par la guerre. Le retrait des troupes
alliées en 1955, permettait à la capitale d'engager enfin
la modernisation progressive de ses tramways. A partir de 1956, des nouveaux
matériels étaient mis en service dont des Großraumwagen
de conception allemande. Après avoir reconstruit d'anciennes voitures
à essieux jusqu'au début des années soixante, le
réseau viennois recevait par petite série, à partir
de 1960, un matériel articulé offrant un grand confort et
d'excellentes performances. Ce matériel permettait la réforme
des anciennes voitures à deux essieux et la conservation d'un des
plus grands réseaux de tramways d'Europe malgré des tentations
de remplacement par un métro lourd. Les réseaux de Graz,
Linz, Innsbruck et Gmünden s’engageaient à leur tour
dans un processus de modernisation, mais avec du matériel plus
économique.
En revanche, les petits réseaux disparaissaient à Unterach-See
am Mondsee (1949), Baden (1951), Klagenfurt (1963) et Sankt-Pölten
(1976), le trafic ne justifiant pas le maintien d’une desserte ferrée.
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3 - Belgique |
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Malgré la guerre, le potentiel
économique de la Belgique sortait de cette période en assez
bon état. La richesse du pays, moins entamée que dans les
autres pays occupés, a permis une rapide reprise des activités
commerciales et industrielles.
En 1945, selon la ville, la situation des réseaux était
différente : Bruxelles dont le réseau était intact
en 1945, engageait un vaste programme de modernisation avec du matériel
PCC. Malgré cela, le nombre de lignes s'amenuisait à partir
de 1957 au profit de l'autobus ; la mise en service du pré-métro
en 1969, sera l'amorce d'une lente dégradation du service des tramways.
Anvers recevait également des PCC à partir de 1960 et engageait
un important programme de construction de lignes souterraines dans le
centre. Gand était tenté de supprimer les tramways, mais
stoppera rapidement le processus. En revanche, Liège, Verviers
et Charleroi (réseau urbain) suivront l'exemple français.
Le vaste réseau unifié des tramways vicinaux, victime de
la hausse vertigineuse des charges d'exploitation et de la chute du trafic,
s'amenuisera d'année en année.
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4 – Comecon (hors URSS) |
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Les réseaux d’Europe centrale,
après la division politique en deux blocs, connaissaient des fortunes
diverses, selon l’état de l’économie locale.
Dans le cadre de la répartition des moyens de production, la Tchécoslovaquie
se voyait confier la mission de construire des tramways. En 1950, la firme
TATRA mettait en œuvre une chaîne de fabrication – sous
licence américaine – de motrices PCC, dont plusieurs milliers
d’exemplaires permettront de moderniser des dizaines de réseaux.
La Roumanie, la Bulgarie et la Pologne, s’en inspireront et construiront
des motrices sous label national. Contrairement à l’Europe
de l’ouest, la majorité des villes ont conservé leurs
tramways. Seuls certains petits réseaux, dont le trafic ne justifiait
pas une desserte lourde, ont abandonné les tramways.
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5 - Danemark |
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A coté du réseau de Copenhague,
seule Aarhus exploitait des tramways. Le réseau de la capitale
présentait des installations modernes avec des sites propres au
centre même de la ville. Dès 1950, des séries relativement
modernes de voitures à bogies étaient mises en service.
En 1967, une série de motrices articulées DUWAG était
acquise afin de remplacer les voitures les plus anciennes. Mais un brusque
revirement de politique mettait un terme à la modernisation et
la municipalité, pour des raisons obscures, décidait la
substitution totale des tramways par des autobus. Le réseau disparaissait
en 1972. Aarhus avait perdu ses tramways en 1971.
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6 - Espagne |
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L'Espagne, isolée du reste de
l'Europe, possédait un grand nombre de réseaux de tramways.
Dans la plupart des petites villes, les tramways présentaient un
aspect de délabrement avancé qui leur sera fatal : les uns
après les autres, ils disparaissaient dans les années soixante.
En revanche, Madrid, Barcelone, Saragosse et Valence, mettaient en service
des séries de voitures modernes à bogies. Madrid et Barcelone
recevaient des motrices de conception PCC, Barcelone récupérant
même d'anciennes voitures du réseau de Washington. Mais pour
des raisons économiques, le gouvernement central décidait
vers 1960, que la traction électrique devait laisser la place à
la traction thermique et le démantèlement des grands réseaux
de tramways, puis de trolleybus, commençait à partir de
1965. Le dernier tramway madrilène disparaissait en 1971, Barcelone
était entièrement desservi par autobus en 1972 et Valence
en 1976.
L'Espagne est un des rares pays d'Europe où le tramway avait complètement
disparu à l’exception d’une petite ligne dans les faubourgs
de Barcelone (Tibidabo).
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7 – Finlande |
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Le réseau d’Helsinki mettait
en service du matériel moderne, d'abord à deux essieux,
puis à bogies dès la fin des années cinquante. La
culture locale, sensible à la préservation de la qualité
de vie, était très favorable aux tramways, qui ne seront
jamais réellement menacés. En revanche les tramways de Turku,
dont le trafic était limité, disparaissaient en 1972.
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8 – Grand-Duché du
Luxembourg |
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Le Grand-Duché du Luxembourg
ne pris pas la peine d'hésiter : les tramways de Esch-sur-Alzette
et de Luxembourg-ville disparurent respectivement en 1956 et 1964.
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9 – Grande-Bretagne |
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Londres, avait décidé
dès 1931, de réduire puis de supprimer ses tramways sous
la pression d’un groupe favorable à l’automobile. L’affaire,
retardée par la guerre, sera consommée par le retrait du
dernier tramway en juillet 1952.
Dans les autres villes le tramway avait fait l’objet de modernisations
souvent importantes. A Glasgow le réseau mettait en service du
matériel moderne quoique de conception encore classique, dont certains
éléments techniques s'inspiraient des PCC américaines.
Mais les réseaux se trouvaient aux prises d’une part avec
le développement anarchique de l’automobile et, d’autre
part avec l’opposition de syndicats au développement des
tramways modernes qui, offrant une plus grande capacité de transport,
nécessitaient un moindre nombre d’agents d’exploitation
! Les intérêts pétroliers britanniques ajoutaient
à cette violente opposition aux transports électriques.
Malgré la volonté des grandes compagnies exploitantes qui
souhaitaient conserver les tramways, la politique générale
des transports faisait la part belle à l’autobus et au trolleybus.
Tous les réseaux, hormis ceux de Blackpool et de Douglas, disparaissaient
entre 1948 et 1962. La ligne atypique des tramways à câble
de Llandudno, au Pays de Galles, était également préservée.
Les trolleybus feront long feu et disparaîtront à leur tour
en 1972, victimes des mêmes oppositions aux transports électriques.
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10 – Grèce |
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Quatre réseaux de tramways fonctionnaient
en Grèce à la fin de la guerre. Le pays fortement appauvri
par le conflit et la guerre civile qui s'en suivit, n'avait pas les moyens
d'entreprendre les modernisations nécessaires. Vieillissants, de
plus en plus gênés par le développement de la circulation
automobile, les tramways disparaîtront de Patras en 1945, de Salonique
en 1957, de Kalamai en 1959, d'Athènes enfin, en 1960.
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11 – Italie |
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Les grands réseaux italiens avaient
bénéficié d'un matériel moderne dès
avant la guerre. Le gouvernement mussolinien avait très tôt
poussé à la standardisation des tramways et le matériel
roulant présentait des caractéristiques encore peu courantes
en Europe. Bologne, Gênes, Naples, Milan, Turin et Rome aveient
mis en service du matériel à grande capacité dès
1930. Les réseaux moyens et plus petits, possédaient un
parc plus classique, mais néanmoins de bonne facture. Après
la guerre, le développement de la circulation automobile, encouragée
par le gouvernement italien, engendrait des encombrements rapidement ingérables.
Rome supprimait l'essentiel de son réseau à l'approche des
jeux olympiques de 1960, mais le tramway ne disparaîtra jamais totalement.
Naples laissait son réseau se délabrer lentement ; Bologne
et Gênes prenaient le parti de tout supprimer au profit du trolleybus
et de l'autobus.
En revanche, Milan et Turin développaient et modernisaient les
lignes grâce à du matériel de type PCC ou de conception
voisine. A Turin le matériel ancien était reconstruit en
voiture articulée. Milan recevait à partir de 1936 du matériel
articulé neuf.
Les autres réseaux comme ceux de Trieste, Florence, Messine, etc
... disparaissaient avant 1965.
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12 – Norvège |
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Le petit réseau d'Oslo procédait
à une modernisation lente par la mise en service grandes motrices
et remorques de construction locale. Un temps menacé par un projet
portant sur le remplacement des tramways par un réseau lourd métropolitain,
les tramways d'Oslo résistèrent. Trondheim développait
une politique plus timide, car le faible trafic ne justifiait pas l'utilisation
des tramways. Ils seront néanmoins maintenus sur une longue ligne
de montagne. Le réseau de Bergen sera entièrement exploité
par trolleybus dès 1965.
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13 – Pays-Bas |
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Les trois grands réseaux de Pays-Bas
se sont rapidement tournés vers le maintien des tramways. Après
un début de campagne défavorable au rail, menée par
l'Automobile Club locale ... les tramways d'Amsterdam, de La Haye et de
Rotterdam ont bénéficié d'une modernisation à
grande échelle et de la mise en place de priorité dans la
circulation automobile.
Un matériel moderne de type PCC apparaissait dès 1951 pour
La Haye ; Rotterdam se tournait vers du matériel à grande
capacité de type "Großraumwagen" puis mettait en
service des motrices articulées Düwag ; Amsterdam faisait
construire des voitures articulées néerlandaises qui prendront
peu à peu la place des voitures les plus anciennes.
En revanche, tous les petits réseaux disparaissaient au profit
de l'autobus. Le réseau vicinal ne survivra pas non plus à
la concurrence de l'automobile.
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14 – Portugal |
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Au Portugal, cinq réseaux étaient
en service en 1945 : Lisbonne, Porto, Coïmbra, Braga et Sintra. A
Lisbonne, un parc de voitures très classiques desservait plus d'une
vingtaine de lignes dans de bonnes conditions. D'inspiration américaine
mais de conception antérieure à 1914, ce matériel
permettait néanmoins une desserte correcte de la capitale. Le réseau
restera quasiment inchangé jusqu'à l'arrivée du métro
en 1959, qui marquera le début du déclin du tramway. A Porto,
le matériel de conception voisine à celui de Lisbonne, laissait
lentement la place au trolleybus et à l'autobus ; mais il restait
un moyen de transport important sur les grandes radiales le long du Douro.
Braga supprimait ses tramways dès 1963. Coïmbra et Sintra
conserveront leur petit réseau durant les décennies suivantes.
Les tramways de Coïmbra finiront par disparaître en 1980, faute
de modernisation.
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15 – Suède |
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Epargné par la guerre, la Suède
n'avait pas eu à souffrir des bombardements massifs. En 1949, onze
villes étaient desservies par tramways. Mais le développement
automobile allait là aussi frapper et il ne restait plus que cinq
réseaux en 1962.
Les deux grands réseaux de Stockholm et Göteborg avaient
progressivement procédé à la modernisation du parc
dès avant 1939 avec un nombre important de voitures à bogies
à grande capacité.
A la fin des années cinquante, Göteborg se tournait vers
la technique PCC et plusieurs dizaines de motrices et de remorques remplaçaient
les anciennes voitures. A Stockholm, la politique en matière de
transport restait mitigée. L'industrie automobile suédoise
poussait au développement de la voiture particulière et
le réseau de la capitale, tiraillé entre deux tendances,
commençait à supprimer les tramways sur certaines lignes
dès le début des années cinquante. Le changement
de sens de circulation - la Suède a roulé à gauche
jusqu'au 2 septembre 1967 - sera fatal aux tramways de Stockholm : les
dernières lignes disparaissaient au matin du 3 septembre 1967.
Göteborg, en revanche, favorable à une politique de priorité
aux transports, procédait à la transformation de la totalité
du parc ferré pour la circulation à droite. Norköping
modernisait également son réseau à l’aide de
voiture à bogies.
A l'inverse, Helsingborg supprimait son dernier tramway en 1967. Malmö
disparaîtra en 1973, bien qu’ayant transformé le réseau
pour la circulation à droite.
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16 - Suisse |
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Malgré sa neutralité,
la Suisse connaissait une grave crise économique et sociale après
1945. Néanmoins, ses ressources commerciales et financières
lui ont permis de reprendre une politique de modernisation de certains
réseaux de tramways, qui avait été entamée
quelques années auparavant.
Zürich développait à partir de 1940 un nouveau matériel
moderne présentant une évolution technique alors à
la pointe. A partir de 1947, ce matériel, dit unifié (ou
normalisé), se développait à plusieurs dizaines d'exemplaires
sur les réseaux de Zürich, Bâle, Berne, Lucerne et Genève.
En revanche, les petits réseaux de tramways urbains dont le trafic
ne justifiait leur maintien, disparaîtront au profit du trolleybus.
Lucerne, après quelques hésitations, supprimait également
ses tramways en 1961.
Influencée par la France, Genève engageait la suppression
de son réseau pour ne plus conserver qu'une ligne après
1969, encore restait-elle la plus importante, qui servira de base au redéploiement
des tramways quelques vingt-cinq ans plus tard !
Lausanne, dont la topographie de la ville était mieux adaptée
au trolleybus, supprimait son réseau ferré en 1964. Berne
rationalisait le service par le développement des trolleybus sur
les petites lignes, mais conservait les tramways sur les trois lignes
principales. Bâle et Zürich conservaient leurs réseaux
quasiment intacts et donnaient dès la fin des années 50,
une priorité absolue à ceux-ci.
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17 – Turquie (Istanbul -
partie européenne) |
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Istanbul était desservi par
deux réseaux : celui de la partie asiatique et celui de la partie
européenne. Exploité par un matériel complètement
obsolète et face à une circulation automobile anarchique,
le réseau de la partie européenne disparut en 1961. Les
lignes asiatiques survivront jusqu'en 1966.
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