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Les tramways européens en 1950-1960 > Berlin

 
 

Berlin

 

 
         
 

Mise en service le 22 juin 1865
Suppression des tramways à Berlin Ouest le 2 octobre 1967
Remplacement par des autobus
Développement des tramways à Berlin Est
Vingt-cinq lignes en service en 2007

 
 

 

L'histoire du réseau de Berlin, un des plus grands d'Europe jadis, est marqué par l'Histoire de notre temps comme jamais aucun autre ne l'a été. La dernière guerre et les dévastations, la division en quatre secteurs d'occupation qui aboutit en 1961, à la séparation physique de la ville par le Mur, autant d'évenements qui ont marqué la vie quotidienne des tramways berlinois.

Ce n'est pas une mince affaire que de relater succinctement l'évolution du réseau, puis des réseaux, entre 1950 et 1970. Peut-être avons-nous fait des erreurs et des ommissions. Que le lecteur veuille bien nous pardonner par avance, mais surtout qu'il ne se prive pas de nous faire part de ses remarques. Nous lui en saurons gré.

Lorsqu'au petit matin du 2 mai 1945 les Berlinois se réveillent d'un cauchemar de deux années de bombardements continuels, puis de combats de rues sanglants, ils ne leur restent que des ruines : ce qui avait été une des plus fabuleuses capitales d'Europe n'est plus que cendres. L'horreur avait frappé, carbonisé, détruit.

Du réseau de tramways, il ne reste rien en état de fonctionnement depuis le 22 avril 1945 : les voies sont en ruine, la ligne aérienne détruite à 95%, trois dépôts et les ateliers centraux inutilisables. Un quart du parc de matériel est tout juste en état de marche.

Pourtant, nécessité faisant loi, trois lignes périphériques sont remises en service dès le 20 mai 1945. Au prix d'efforts considérables et sur ordre du Général commandant en chef des troupes russes d'occupation, onze lignes suivent du 26 mai au 25 juillet suivant. Le 7 octobre 1946, la quasi totalité des voies en service avant 1943 sont à nouveau en exploitation ! A la fin de 1947, 52 lignes sont exploitées par 941 motrices et 860 remorques, sur 388,1 km de ligne.

Après la fin du blocus de Berlin, en 1948, la division entre le secteur soviétique et les secteurs occidentaux s'accentue. Dès mars 1949, les receveurs en services sur les convois des onze lignes inter-secteurs sont relevés au passage de la ligne russo-occidentale (Sektorengrenze). Confirmant le scission politique de l'Allemagne, le réseau est divisé en deux entités d'exploitation : le 1er août 1949, la Berliner Verkehr Gesellschaft (BVG) est scindée en BVG-Ost et BVG-West. Le parc est réparti entre les deux entités ainsi que l'exploitation des lignes. Cette nouvelle situation aura des conséquences capitales sur l'avenir du réseau de tramways de Berlin.

Néanmoins, le réseau du BVG-West continue à se développer avec la reconstruction progressive des tronçons encore inactifs ; il atteint 432 km de lignes exploitées en 1952 (40 services). Le matériel roulant le plus ancien bénéficie de diverses améliorations, dont le renforcement des moteurs. La BVG-West met en chantier l'étude de tramways modernes et deux convois prototypes sont mis en service en 1952.

Mais la situation politique continue de se dégrader : la vie dans le secteur soviétique est plus difficile que celle dans les secteurs occidentaux. Une révolte massive a lieu en 1953, confirmant la coupure de la ville. La même année, les services inter-secteurs sont suspendus et les lignes concernées, exploitées en deux tronçons distincts ou supprimées.

C'est alors qu'une décision brutale est prise à la BVG-West : en février 1953, l'exploitant obtient un crédit de 12 millions de D-Mark pour l'acquisition de quarante convois modernes et vingt autobus, afin d'entamer la modernisation du parc. Soudainement, la direction du BVG-West décide que ces crédits seront affectés à l'achat de 140 autobus à impériale et annulent la renouvellement du parc de tramways. Il est de bon ton alors, de se rapprocher des modèles de Paris et de Londres, qui venaient de supprimer leur réseau (respectivement en 1938 et 1952). Cette décision scelle l'avenir des tramways dans la partie ouest de la ville. Dès juillet 1954, les suppressions commencent par le retrait des tramways de l'artère commerçante du Kurfürstendamm.

De juillet 1954 à juillet 1961, seize lignes sont supprimées. L'érection du Mur le 13 août 1961, provoque l'accélération du processus. De septembre 1961 à octobre 1967, ce sont les vingt-trois dernières lignes qui disparaissent. Le dernier tramway de Berlin-ouest est remplacé par des autobus au matin du 3 octobre 1967.

En revanche, la situation est sensiblement différente dans le secteur d'occupation soviétique. Evoluant indépendemment de la BVG-West, la BVG-Ost - qui exploite treize lignes sur 201 km en 1949 - se préoccupe de moderniser le réseau de tramways. Après la remise en état des installations fixes, l'exploitant remplace la perche de toutes les motrices par un pantographe entre 1951 et 1955. Cette substitution permet un allégement de la ligne aérienne et des économies d'entretien. A partir de 1950, vingt motrices et vingt remorques à deux essieux sont livrées, permettant ainsi un renforcement des services.

Dans le système de planification urbaine, Berlin-Est doit également s'adapter au développement de la circulation automobile et les tramways disapraître, ou du moins réduire en nombre, dans le centre. La reconstruction de Berlin-Est prend en compte cette notion et les tramways sont retirés des anciennes lignes centrales devant l'Hôtel de Ville. En janvier 1967, il n'y aura plus de tramways sur l'Alexanderplatz et les dernières suppressions dans l'ancien centre-ville auront lieu en 1975.

Mais le tramway reste un outil incontournable du transport à grande capacité pour les quartiers périphériques qui se développent rapidement à partir de 1961. La construction d'immenses avenues intégre des radiales de tramways en site propre sur plusieurs dizaines de kilomètres. Pour faire face à l'augmentation du trafic, une partie importante des anciennes motrices et remorques font l'objet d'une reconstruction complète, mais en conservant les équipements électriques d'origine ainsi que les trucks. Des convois de trois voitures sont systématiquement mis en service sur les lignes importantes. Malheureusement, ce matériel, de conception ancienne, reste lent et inconfortable.

La rationnalisation de l'exploitation, entamée dès 1957, engendre la suppression des receveurs, dont le dernier disparait en décembre 1967 : tous les tramways sont dorénavant exploités en libre-service.

En 1969, la BVG-Ost laisse la place à la Berliner Verkehrsbetriebe Kombinat (BVB). C'est sous son égide qu'apparaîtront les premiers tramways modernes à partir de 1976.

Le maintien et le développement du tramway à Berlin-Est, auront une conséquence inattendue bien des années plus tard : la réunification de la capitale, le 9 novembre 1989, provoquera de fait la réunification des réseaux. Cas étrange, Berlin sera la seule ville du monde à bénéficer d'une moitié de réseau de tramways en expansion. Après quelques années d'atermoiements, la nouvelle BVG décidera avec la Ville de redéployer les tramways à l'ouest. Le processus, lent, est en cours et plusieurs projets prévoient le retour des tramways au centre de l'ancienne Berlin-Ouest, là où les tramways de jadis avaient été les premiers à disparaître : l'Histoire a de ces curieux retournements !

Sources :
"Die Straßenbahnen in Berlin" - S. Hilkenbah/W. Kramer - ALBA
"Straßenbahn Magazin n° 66"

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